L’OIM et la FAO engagées dans un partenariat visant à améliorer la gestion des conflits et la résilience agro-pastorale à la frontière mauritano-malienne
24 mars 2022
Le long de leur 2 236 km de frontière, la Mauritanie et le Mali réunissent un mélange historique de groupes ethniques aux traditions socio-économiques complémentaires. Dans les régions frontalières du Guidimakha, du Hodh El Chargui, du Hodh El Gharbi et de l’Assaba, ces différents groupes pratiquent diverses activités telles que l’agriculture sédentaire, l’agro-pastoralisme, le pastoralisme et la chasse.
Les changements climatiques, les évolutions socioculturelles et l’insécurité ont entraîné des changements dans les activités économiques des différents groupes, bouleversant ainsi les normes communautaires de la cohabitation pacifique entre éleveurs et agriculteurs. Cette situation augmente les risques de conflits locaux liés au passage des troupeaux sur des terres agricoles des deux côtés de la frontière.
Selon une étude réalisée par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en 2019 dans le sud et le sud-est de la Mauritanie, plus de trois transhumants sur quatre sont confrontés à un ou plusieurs défis, dont les défis environnementaux tels que la sécheresse, les feux de brousse et la dégradation des ressources. L’étude a également mis en évidence que les couloirs de transhumance habituels ont été fortement perturbés s’ils n’ont disparu de certains endroits.
« Ces défis peuvent se transformer en moteur de conflit du fait d’une éventuelle compétition pour l’accès aux ressources naturelles déjà limitées », déclare Boubacar Seybou, Chef de Mission de l’OIM en Mauritanie. « Il est urgent de mieux prévenir ces conflits potentiels à travers le suivi et l’analyse des mouvements des transhumants et l’amélioration de l’accès équitable aux ressources naturelles dans les régions transfrontalières dans la perspective d’atténuer les conflits ».
Grâce à ce projet transfrontalier entre la Mauritanie et le Mali financé par le Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix (PBF), l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l’Organisation des Nation Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) se sont associées pour renforcer la résilience et les échanges entre les communautés situées le long du corridor de transhumance entre les deux pays.
Le projet vise le renforcement des structures communautaires de gestion des conflits agro-pastoraux par les populations transfrontalières et une meilleure gestion des ressources naturelles à travers la diversification des moyens d’existence.
Lors d’un atelier de lancement officiel des travaux du Comité de Pilotage du PBF en Mauritanie, marquant le lancement du projet transfrontalier mauritano-malien, le Secrétaire Général du Ministère des Affaires Economiques et de la Promotion des Secteurs Productifs a salué cette initiative conjointe OIM-FAO, unissant la Mauritanie et le Mali en présence du Coordinateur Résident du Système des Nations Unies en Mauritanie et de son homologue du Mali, représenté par le Chef de Mission de l’OIM du même pays.
« Les Nations Unies, tant en Mauritanie qu’au Mali, attendent beaucoup de ce projet qui servira, comme pour d’autres du même genre financés par le Fonds de Consolidation de la Paix, d’incubateur pour développer de nouvelles initiatives de plus grande envergure dans toute la région ouest-africaine », déclare Pascal Reyntjens, Chef de Mission de l’OIM au Mali.
Les activités du projet comprennent la création, le renforcement des capacités et la mise en réseau d’un minimum de 24 comités villageois dédiés à la prévention et à la gestion des conflits, placés autour de 6 postes frontaliers, à raison de 3 postes par pays, situés de part et d’autre de la frontière et le long des couloirs de transhumance (6 couloirs par pays). Ces comités villageois doivent être inclusifs et favoriser la participation de représentants d’organisations de jeunes et de femmes. Ces outils contribuent ainsi à la construction d’infrastructures communautaires de paix en soutien au renforcement de la cohésion sociale et de la coexistence pacifique au niveau communautaire.
Elles incluent également la mise en place de 80 clubs d’écoute communautaire type DIMITRA, qui constituent des espaces stimulant la mobilisation, le dialogue, le partage d’expériences, la collaboration et surtout l’action entre acteurs et actrices du développement en vue de promouvoir l’égalité hommes-femmes dans l’accès aux ressources, aux biens et à la prise de décision. Ces clubs seront mis en relation avec les comités villageois.
Une fois que toutes ces structures sont mises en place, des ateliers transfrontaliers réunissant les communautés frontalières et les autorités des deux pays seront organisés et aboutiront à la rédaction d’un cadre de coopération transfrontalier. Cette action pilote qui est directement liée à la priorité 6 de la Stratégie Intégrée des Nations Unies pour le Sahel sur la coopération transfrontalière contribue ainsi à la mise en place de mécanisme intercommunautaire inclusif de dialogue sur les questions transfrontalières. Afin de permettre la diversification des moyens d’existence, des Planifications Communautaires Participatives (PCP) identifieront les activités prioritaires qui seront mises en œuvre dans le cadre du projet.
Dans chaque pays, 900 personnes bénéficieront directement des actions conjointes OIM-FAO dans le cadre du projet, notamment les autorités locales, les membres du G5 Sahel, les comités villageois et les clubs DIMITRA, tandis que 10.000 personnes issues des populations agricoles et transhumantes en bénéficieront indirectement.
Contacts supplémentaires :
Momme Ducros de l'OIM Mauritanie - mducros@iom.int, +222 28 88 89 44;
Moussa Mohamed Maouloud de la FAO Mauritanie - moussa.mohamedmaouloud@fao.org, +222 28 88 19 70.